Je suis né à Toulon en 1974.
Après les Beaux-Arts, je suis parti étudier la photographie à l’ETPA de Toulouse. C’est à cette époque que j’ai commencé à travailler sur des projets dans la durée, ayant essentiellement pour thème la solitude humaine. Ils avaient pour cadre des milieux où il est souvent difficile de pénétrer : les communautés religieuses, les Roms, une clinique spécialisée pour les accidentés de la route… Autant de contextes occasionnant des rencontres qui suscitent le doute, le questionnement, l’inquiétude. Tous ces univers sont prétextes à exercer mon regard et lui donner un sens.
Ma démarche se veut emprunte de poésie, exhalant l ‘émotion qui émane de ces milieux particuliers, mon but n’étant pas de restituer une réalité trop descriptive. Je m’y applique en respectant la distance nécessaire avec le sujet, celle qui me semble la plus juste.
Distance et durée. Ces deux-là s’accordent bien avec le procédé argentique utilisé pour réaliser ces images. Elles nécessitent patience et rigueur et contrastent avec l’instantanéité de l’époque actuelle.
Je suis resté particulièrement attaché à ma région natale. J’y vis et y travaille aujourd’hui.
Fabien Rigal
J’aime me confronter à des univers que je ne connais pas, les découvrir, les laisser me tirailler, me poursuivre et finalement transformer ma vie.
Fabien RIGAL
Fabien Rigal est un photographe du réel, porté par des mobiles d’évasion, de poésie, de contemplation qu’il distille par petites touches, à la vitesse de sa propre mue d’être humain en quête de découverte du monde, comme de lui-même.
Persuadé qu’une photo exprime bien plus que quelques explications choisies, qu’elle est le vecteur d’exaltations de l’imaginaire, le photographe s’attache à montrer l’indicible, avec ce qu’il faut de distance, d’honnêteté pour laisser au cliché sa part de naturel, de vérité. Capturer l’ordinaire de la vie là où elle paraît extraordinaire pour tout un chacun ! Les Roms, les communautés religieuses, les abattoirs, la boxe, les stations balnéaires désertes sont autant de sujets hors du commun dans lesquels le photographe se met en danger et s’échine à matérialiser le quotidien, le banal, pour lui donner une perspective, un sens et parfois même une dimension onirique.
Une force transcende le travail de l’artiste, la force du réel confrontée à la magie du rêve, comme si la vie ordinaire faite de simplicité, de silences, d’indifférence même se heurtait à la possibilité d’un embrasement, d’un vertige dissimulé juste à côté. La situation est inconfortable et le spectateur se voit contraint de se raconter sa propre histoire, sa légende… Et libre à lui de se laisser enfermer dans le poids du quotidien ou de s’en échapper !
Mais la démarche, noble et ambitieuse, ne tolère pas l’approximation… Cette rigueur en bandoulière, Fabien Rigal continue d’explorer ses univers avec un œil à la fois neutre et rempli de compassion, comme un guide passionné qui ne dévoile ses secrets qu’aux visiteurs les plus vigilants.
Emmanuel Rastouil